De l’ombre à la lumière : coup de projecteur sur ces figures émergentes de la pop urbaine angevine

Par : Léna Saulnier, Louna Biret, Anaïs AUDUREAU et Clément GERLEI | 1 Avr 2020 | Expérience, Vidéos | 0 commentaires

La musique adoucit les esprits lorsque la Terre tremble. Elle est partout, elle nous accompagne, si bien que parfois, on a du mal à la remarquer. Elle rapproche deux corps distants. Vecteur de sens, d’opinion, d’engagement, il faut l’écouter pour la comprendre. La musique, comme le dit l’écrivain Enzo Cormann, fait danser les consciences. Nous avons rencontré ceux qui la composent, qui la transmettent, qui l’écoutent. Ceux qui l’aiment. Nous avons dressé le portrait de ces figures angevines qui font de la musique urbaine une passion commune. 

Bienvenue à Angers ! 

A Angers, de nombreuses structures comme le 122, Le Quatre et Le Chabada disposent de locaux, organisent des concerts et contribuent au dynamisme de la scène locale. C’est ainsi tout un ensemble d’intervenants sur notre territoire angevin qui permet aux groupes locaux de se développer. Tous les acteurs sont importants : les cafés concerts (le Joker’s pub, T’es Rock Coco), les festivals (Les Z’éclectiques, Tempo Rives), les salles de concert (Le Chabada).

Certains angevins le savent tandis que d’autres l’ignoraient encore… Mais à Angers, pour la scène urbaine, le terreau est plutôt fertile ! Beaucoup de rappeurs émergent sur Angers. Leur manière d’aborder les textes et de les écrire est dans l’air du temps. Ils nous racontent le monde au regard de leur vécu et leur public en est plus que séduit ! 

Odor, release party, Mixape Angers – @louna_brt

Le Chabada est né ! 

C’est en 1994 que s’ouvrent les portes de la Scène de Musiques Actuelles (SMAc) à Angers. Au premier abord, le Chabada n’est qu’une simple salle de concert. 

Mais derrière cette représentation, se cache, se dessine, bien d’autres facettes… 

Le Chabada, afin de transmettre ses compétences en technique et ses connaissances dans le secteur des musiques actuelles au profit des artistes, propose plusieurs dispositifs. Tout d’abord celui du développement artistique et technique. La SMAc propose d’aider les groupes de façon autonome ou en allant chercher des intervenants extérieurs. La structure aide également les groupes à mieux connaître le secteur professionnel des musiques actuelles afin de bien s’insérer dans le secteur professionnel. En plus de mettre en scène ces artistes, la SMAc les accompagne en leur offrant des salles de répétition, un espace scénique et en organisant notamment des stages et des ateliers. L’objectif étant que la qualité artistique comme technique soit à la hauteur d’un groupe professionnel. Ce projet est porté par l’association ADRAMA-Chabada. 

C’est dans les années 1990, et grâce à la venue de IAM au Chabada que la salle de concert angevine et le hip hop se rencontrent. Aujourd’hui, de nombreuses figures du rap français ont foulé la grande scène du Chabada : Lomepal, Georgio, Roméo Elvis… 

Nous avons rencontré Fabrice Nau, responsable de l’accompagnement des pratiques musicales au Chabada. 

“Au départ mon parcours n’est pas que professionnel, c’était plutôt un parcours de loisirs étant musicien.” 

Fabrice Nau 

Au début des années 1990, Fabrice pose ses valises à Angers pour faire ses études à la fac d’anglais de l’Université d’Angers. Originaire de Montreuil Bellay dans le sud du département, pour lui, être étudiant à Angers c’était à la fois “cool” et “attrayant” car cela lui offrait beaucoup plus d’opportunités que par chez lui. 

Alors qu’il était encore étudiant, Fabrice monte un groupe de musique avec ses amis de lycée pour lequel il fut manager. Pour ses amis et lui, venir à Angers, c’était la promesse de trouver des locaux pour pratiquer leur passion commune, la musique. 

Très vite, en parallèle de leurs études, Fabrice et son groupe vont fréquenter les locaux de répétition de ce qui devint quelques années plus tard le Chabada.

Dans les années 1990, Fabrice, encore étudiant, se met à travailler pour la SMAc, exclusivement les soirs de concerts. C’est au début des années 2000 que l’équipe du Chabada lui propose un poste de responsable des locaux de répétition qu’il accepte volontiers. Sa mission est alors de s’occuper de la régie technique et de renseigner les différents groupes sur l’environnement professionnel autour du développement des artistes : label, édition… En parallèle de ce post, Fabrice gère également la rédaction d’un petit magazine, un Fanzine, crée par l’équipe du Chabada. Il a donc, comme il l’explique, “un poste à trois casquettes”. 

Aujourd’hui, avec son équipe, Fabrice aide toujours les artistes à identifier les problèmes de chaque groupe pour lesquels la structure se charge de trouver des intervenants extérieurs adaptés afin d’apporter des solutions et ainsi permettre leur développement. Mais ils ne sont pas les seuls sur Angers à proposer un tel accompagnement. L’association PaïPaï, comme nous le soulignait Fabrice, œuvre elle aussi sur Angers dans le suivi et le soutien des artistes locaux.

 “Chaque maillon de ces intervenants, de ces acteurs du territoire, tout le monde est aussi important les uns que les autres. Ça serait difficile sinon. À Angers, si on avait juste le Chabada ça ne marcherait pas. En fait, il faut vraiment qu’il y ait aussi le réseau des cafés concerts autour, des festivals, même si on regarde de manière un petit peu plus large. Mais ça serait difficile je pense sur un territoire de se dire, juste parce que l’on va poser une SMAc et qu’il y a des missions de développement de groupes dessus, qu’il va pouvoir se passer quelque chose, ça ne suffirait pas. Il faut tout un ensemble, tout un écosystème, comme on dit de plus en plus maintenant dans le secteur.”

Fabrice Nau 

Fabrice qui a vu le secteur des musiques actuelles se développer à Angers est très confiant ; 

“Je vis à Angers et je connais surtout Angers donc ne vivant pas dans d’autres villes, ça serait un peu présomptueux de ma part de juger que ce qui se passe dans les autres villes est moins intéressant ou moins dynamique. Oui, il se passe beaucoup de choses dans le domaine de ce que l’on appelle la pop urbaine aujourd’hui. Ce que moi je trouve le plus intéressant, c’est justement la diversité, la richesse et la qualité des groupes, ce qui n’était pas le cas avant quand je suis arrivé à Angers. Dans les années 1990, il y avait une couleur très très rock à Angers car les acteurs du territoire à l’époque étaient eux-mêmes plutôt orientés rock. Aujourd’hui, on n’a plus ça justement parce que nous avons pleins d’acteurs différents qui interviennent et qui sont plutôt sensibles à tel ou tel style de musique.”  

Fabrice Nau 

Le dispositif de l’Équipe Espoir 

Joh Berry, release party, Mixape Angers – @louna_brt

Au sein du Chabada, il y a ce que l’on appelle l’Équipe Espoir. Anciennement Parrainage Chabada, le dispositif créé en 2014, permet à des artistes locaux d’être accompagnés dans leur parcours de professionnalisation, à la fois sur le plan artistique et sur le plan technique.

Après un repérage de groupes ayant fait parler d’eux dans le secteur des musiques actuelles de la région et qui se sont démarqués, le Comité de Pilotage (composé de 6 ou 7 membres, dont Fabrice Nau) se réunit pour la sélection. Celle-ci terminée, les artistes disposent pendant un an d’une mise en relation avec d’autres professionnels du secteur, comme des maisons de disque, des programmateurs ou des tourneurs, de conseils pour le développement, d’un accès aux espaces de création et de répétition, et de frais pour la production et la communication.

Le dispositif Équipe Espoir, c’est bien faire comprendre aux artistes le secteur dans lequel ils évoluent, sans jamais leur promettre qu’ils deviendront des professionnels.”

Fabrice Nau

Non sans oublier que le but est de s’établir dans la durée sans aller trop vite. L’insertion dans le secteur étant compliquée, les artistes peuvent rester dans l’Équipe Espoir pendant deux ou trois ans. 

Parmi les 8 artistes qui composent l’Équipe Espoir de cette année (Joh Berry, Nerlov, Wild Fox, Des Lions pour des Lions, Sally, Odor, Simawé et Stav) ce sont les parcours de 3 jeunes figures émergentes de la pop urbaine que nous avons suivi. 

Sally, Le Chabada Angers – @louna_brt

Le rap et la pop font partie des musiques urbaines, souvent caractérisées à partir de séquences, produites depuis un ordinateur. Les sonorités sont similaires, on fait appel à peu d’instruments et les instruments virtuels que l’on retrouve au sein du rap et de la pop ont des couleurs qui peuvent un peu se ressembler. Tandis que certains chantent, d’autres rappent. 

Le chat des villes Joh Berry, le rappeur d’AGS Odor et la choletaise Sally. C’est à travers trois vidéos que nous allons vous faire découvrir leurs parcours, l’accompagnement qui les suit et la rencontre avec le Chabada… De l’ombre à la lumière : coup de projecteur sur ces figures émergentes de la pop urbaine angevine. 

Odor, release party, Mixape Angers – @louna_brt