Avoir 20 ans en Slovénie

Aujourd’hui, nous nous retrouvons en Slovénie pour découvrir la vie des jeunes de 20 ans, dans ce pays aux milles et unes facettes. Comment ces jeunes vivent au quotidien, comment ils étudient, se cultivent et sortent ?

Crédit photo : Margot Turc

La Slovénie, un pays plutôt méconnu que l’on confond souvent avec la Slovaquie ; chose très peu étonnante étant donné la similitude du nom mais aussi du drapeau. Ce petit pays composé de 2 millions d’habitants est, comme partout, habités par plusieurs milliers d’étudiants, des étudiants slovènes mais pas seulement ; un bon nombre d’étudiants des Balkans viennent étudier dans ce pays de l’Ex Yougoslavie qui s’en est le mieux sorti. Après un Erasmus, j’ai essayé de capturer un portrait de la vie d’un jeune de 20 ans dans ce pays.  Je me suis posé la question, comment vivent les jeunes de 20 ans dans ce pays ?

Je suis alors allée à la rencontre de ces jeunes pour avoir une vision globale de leur vie. J’ai pu interroger 37 jeunes entre 20 et 23 ans qui ont accepté de répondre à mes questions.

Dans le pays, il y a environ 94 900 jeunes entre 20 et 24 ans, ce qui équivaut à presque 5% de la population, qui vivent tous des vies complètement différentes.

Culture

La culture slovène est une part très importante du pays. Influencé par l’Ex Yougoslavie mais également par ces pays voisins, la Slovénie est un pays qui prend ses influences culturelles d’un peu partout et qui n’a pas réellement la sienne. Ils m’affirment pour une grande partie que la Yougoslavie reste ancrée dans la culture mais que les pays voisins également. Pour Nika, 22 ans « Nous avons des influences très importantes des anciens pays de Yougoslavie comme on en faisait partie, mais aussi des influences Allemandes et Autrichiennes ». Le fait que le pays soit très récent peu expliquer cela. A Piran, par exemple, on va pouvoir observer une architecture très italienne. Ils m’ont également expliqué que les dialectes pouvaient être différents en fonction de l’endroit où l’on est en Slovénie, par exemple si l’on se rapproche de l’Autriche, la langue aura pris beaucoup de l’Autrichien, si l’on est du côté de la Croatie, il en sera de même ; certains Slovènes ne se comprennent pas entre eux car le dialecte est trop différent !

Les jeunes Slovènes estiment que la culture du pays est digne d’intérêt et d’être apprise. Globalement, la nature est un des points centraux de la culture slovène et les jeunes l’apprécient particulièrement. Quelques spécialités culinaires reviennent également.

Les jeunes sont plutôt très mitigés quant à l’existence d’une identité slovène forte ou non. Le lac de Bled m’a été cité un bon nombre de fois comme « LE » lieu symbolique de la Slovénie, le lieu qui défini la culture Slovène. Il est vrai que la nature est luxuriante, superbe et très bien préservée ; ils étaient heureux et fiers de me la faire découvrir. L’écologie reste un souci des jeunes aussi, qui leur fait respecter et apprécier cette nature. Les jeunes de ce pays se cultivent grâce à de nombreux moyens : livres, musées, télévisions… mais l’école reste tout de même le moyen qui selon eux leur permet de découvrir le plus de choses, ce qui n’est en aucun cas étonnant. J’ai été plutôt surprise puisque de nombreuses fois, les amis m’ont été cités comme personnes qui les aidaient à se cultiver et apprendre de nouvelles choses.

Le lac de Bled avec son île au milieu, la seule île du pays, est l’un des symboles de la Slovénie. Crédit photo : Margot Turc 

Vie

Les jeunes se sentent oubliés par le gouvernement, le chômage des jeunes en 2020 était de 9,59% ; ils estiment que l’on ne pense pas à eux et que le pays devrait plus se préoccuper d’eux. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle plus de la moitié de mes interviewés ne souhaitent pas rester en Slovénie dans le futur mais plutôt s’installer dans un autre pays. Il est selon eux plutôt difficile de se déplacer quand on ne possède pas de voiture ou le permis de conduire, le moyen de transports le plus pratique et qu’ils utilisent le plus, est le bus. Ils avouent également que la Covid n’a pas été très bien gérée par le gouvernement et qu’il aurait pu mieux le gérer. Globalement, ils s’estiment plutôt chanceux et heureux de vivre dans ce pays et les jeunes filles m’ont également confiée qu’il y avait une chose qu’elles affectionnent particulièrement dans le pays c’est qu’elles se sentent totalement en sécurité même quand il s’agit de rentrer tard dans la nuit ou tôt le matin ; il n’y a pas vraiment de problème. Elles sont très heureuses de ce fait ce qui leur permet tout de même plus de liberté et de pouvoir vagabonder sans crainte dans les rues même à la sortie d’une boîte de nuit.

Etudes

Les jeunes Slovènes finissent leurs études bien plus tard que les Français, ils sortent du lycée entre 19 et 20 ans. Les jeunes que j’ai interrogés sont entre le lycée, l’université et le master, 34 d’entre eux souhaitent aller plus loin dans leurs études. Ils sont pour la plupart plutôt satisfait du système scolaire du pays même si certains affirment que ce n’est pas le meilleur et que cela pourrait être mieux, Živa, 23 ans m’explique son point de vue « C’est bien que l’école soit gratuite, je pense qu’en ce qui concerne l’école primaire et le lycée cela pourrait être mieux, mais globalement je pense que l’on reçoit une bonne éducation avec beaucoup de savoir ».

Les jeunes ont aussi plutôt l’habitude de se déplacer, la Slovénie étant un pays très petit (environ la taille des Pays de la Loire) ; il n’y a que deux universités dans les deux plus grosses villes Ljubljana et Maribor. On va pouvoir trouver certains campus très spécifiques dans d’autres villes mais les plus gros se trouvent dans ces villes-là. Ce qui rend les deux villes très étudiantes, avec une population globalement jeune. Mais c’est aussi quelque chose qu’ils aiment puisque nécessairement, ils partent de chez eux pour aller à l’université ce qui leur permet d’être plus indépendants. Ils aimeraient en globalité faire des études à l’étranger pour leur permettre de s’ouvrir à de nouvelles cultures et rencontrer de nouvelles personnes de milieux très différents. Le fait qu’ils rencontrent un bon nombre d’étrangers en Slovénie leurs donnent envie d’ailleurs, de nouveau coins et de nouveaux visages.

Projets

Ils ont pour la plupart une idée plutôt précise de ce qu’ils veulent faire plus tard, certains ont même déjà tout prévu comme Anemari, 21 ans qui m’explique « Mon but est : de finir mes études, bien réussir dans mon travail, avoir un appartement, me marier et avoir des enfants. » d’autres sont allés moins loin dans leur réflexion mais ont tout de même une idée derrière la tête, c’est le cas d’Adelisa, 22 ans « Je veux faire un master et avoir un bon travail en Slovénie», beaucoup m’ont racontée avoir seulement en tête de finir leurs études pour le moment et de voir plus tard ce qu’il en sera. Tous ont un intérêt général pour les pays étrangers et se sentent attiré par eux pour leur culture ou pour un voyage touristique.

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Etant donné l’emplacement du pays dans l’Europe avec des frontières communes avec l’Italie, l’Autriche, la Croatie et la Hongrie, il est tout à fait crédible qu’ils soient attirés par d’autres pays, même si beaucoup m’ont raconté ne pas avoir eu la chance de beaucoup voyager. Une grande partie souhaitent tout de même rester en Slovénie dans le futur pour travailler mais certains savent déjà qu’ils n’ont pas l’option de faire ce qu’ils veulent en Slovénie et cherchent à se tourner vers des pays plus accueillants pour cela. Ils estiment tout de même que la Slovénie les rend heureux, qu’ils sont actuellement chanceux d’y vivre et que dans le futur cela serait un bonheur d’y travailler pour au moins quelques années.

Sorties

Aujourd’hui, la situation sanitaire ne permet pas aux jeunes, comme partout dans le monde, de profiter de la vie comme ils le faisaient avant la Covid-19. En Slovénie, la situation était plutôt paisible par rapport à celle d’autres pays comme la France, l’Italie, l’Allemagne, le Royaume-Uni et bien d’autres encore. Les jeunes ont été plutôt chanceux en ce qui concerne l’épidémie. Le début du Coronavirus ayant réellement commencé pour le pays seulement en octobre 2020. Epargnée par la première vague mondiale au printemps dernier, ils se sont fait rattraper par l’épidémie à l’automne et ont dû mettre en place des mesures fortes pour contenir le virus. Tous les jeunes que j’ai interrogés m’ont affirmé que la manière dont ils vivaient et ils sortaient, avait été bouleversé par la pandémie. La plupart sortaient dans des bars ou des boites de nuit en temps normal mais aujourd’hui, ils se retrouvent à ne plus sortir du tout ou seulement en extérieur. Leur vie sociale en souffre énormément et eux aussi, ils ont du mal en tant qu’étudiants à ne plus pouvoir profiter comme avant. La jeunesse est complètement bridée, elle ne peut plus agir comme elle le faisait, n’est plus libre de sortir à l’heure qu’elle veut jusqu’au petit matin. Elle ne peut plus se balader dans les rues de la ville à n’importe quelle heure.

La culture de l’alcool fort dans le pays se fait dès le plus jeune âge. Ils commencent très jeune l’alcool entre 14 et 16 ans ce qui n’est pas très différent de la France ou d’autres pays d’Europe en règle générale. Ils boivent en règle générale de la bière ou du vin, chose très peu étonnante quand l’on considère que la Slovénie est un pays très viticole, qui produit son propre vin, de qualité. On va également retrouver certains spiritueux comme partout mais aussi des eaux de vie locales comme le Schnaps (« Šnopc » en slovène) que certains font maison et dégustent avec un très grand plaisir.

Les jeunes en Slovénie rêvent de nouveaux horizons pour s’enrichir culturellement et professionnellement mais ils restent tout de même très attachés à leur pays et leur culture, dans lequel ils souhaiteraient s’établir s’ils en avaient l’opportunité.